Une histoire miraculeuse au cœur de la Colombie
Tout commence en Colombie, près du village de Potosí, non loin d’Ipiales, dans une région montagneuse traversée par la rivière Guáitara. Ce lieu, surnommé Las Lajas (« les pierres plates »), est marqué par une gorge spectaculaire creusée dans la roche sédimentaire. C’est ici que se déroule l’un des récits les plus fascinants de la tradition catholique sud-américaine.
Une grotte, un orage, et une première apparition
Une jeune femme nommée María Mueses de Quiñónez se rend à pied vers le village d’Ipiales lorsqu’un orage violent éclate. Paniquée, elle se réfugie dans une grotte réputée pour être habitée par des forces malveillantes. Là, prise de peur, elle invoque Notre-Dame du Rosaire. Puis, alors que la tempête s’apaise, elle entend une voix l’appeler : « María ». Terrorisée, elle quitte la grotte.
Rosa, l’enfant muette qui parle
Quelques jours plus tard, María retourne à Ipiales, cette fois avec sa fille Rosa, sourde et muette de naissance. Près de la même grotte, Rosa s’approche de l’entrée et, contre toute attente, prononce ses premiers mots :
« Maman, regarde cette métisse dans la grotte avec un enfant dans ses bras. »
Stupéfaite, María est bouleversée. Non seulement Rosa parle, mais elle semble percevoir une présence surnaturelle que sa mère ne voit pas.
Une vision silencieuse, des appels persistants
À plusieurs reprises, Rosa affirme que « la métisse » l’appelle depuis la grotte. María, toujours méfiante, refuse d’y retourner. Mais bientôt, un drame survient : Rosa tombe gravement malade et meurt.
Brisée, María fait ce que son cœur lui dicte : elle retourne à Las Lajas avec le corps de sa fille sur le dos.
Une résurrection bouleversante
À genoux dans la grotte, María prie la Vierge Marie avec ferveur. Soudain, elle sent une petite main lui toucher l’épaule. Rosa est vivante. Elle lui sourit. María, submergée de joie, réalise qu’elle a été témoin d’un véritable miracle.
L’image apparue dans la roche
Le lendemain, alors que les cloches du village sonnent sans raison, les habitants découvrent Maria et Rosa vivantes. En retour à Las Lajas, tous tombent à genoux : sur une paroi rocheuse de la grotte, une image de la Vierge Marie est mystérieusement apparue.
On y distingue :
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La Vierge tenant l’enfant Jésus
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À droite, saint Dominique recevant le rosaire
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À gauche, saint François d’Assise recevant le cordon franciscain
Ces deux saints sont les fondateurs des ordres religieux missionnaires qui ont évangélisé la Colombie.
De la légende à l’édifice
L’image attire les foules. En 1754, un premier sanctuaire de paille est érigé. Puis en 1769, un édifice en brique. En 1893, le sanctuaire s’agrandit encore. Enfin, l’actuel sanctuaire néo-gothique de Las Lajas est achevé en 1949, après 30 ans de travaux. Aujourd’hui, c’est un haut lieu de pèlerinage, avec entre 700 000 et 1 million de visiteurs par an.
L’enquête sur l’image de Las Lajas : miracle ou mystère non élucidé ?
Beaucoup affirment que l’image n’est pas peinte mais qu’elle est imprimée dans la roche. Des géologues allemands auraient constaté que les pigments pénètrent la pierre sur plusieurs millimètres sans trace de pinceau ni peinture.
Mais j’ai cherché à vérifier l’authenticité de ces affirmations. Résultat ? Aucune étude scientifique publiée ne vient corroborer ces faits. Ni revues, ni archives de sociétés géologiques allemandes, ni documentation universitaire.
Une foi reconnue, une preuve incertaine
L’Église catholique n’a pas officiellement validé le caractère surnaturel de l’image, mais elle a reconnu la piété populaire et autorisé le culte public en 1951. La Vierge de Las Lajas a même été couronnée à la demande du pape Pie XII.
Mais concernant la nature inexplicable de l’image, aucune preuve concrète ne permet aujourd’hui de confirmer une origine miraculeuse. Les récits demeurent oraux, populaires ou touristiques, sans trace de validation académique.
Conclusion : entre mystère et foi vivante
L’histoire de María et Rosa continue d’émouvoir. Le sanctuaire de Las Lajas, avec son architecture majestueuse et son image gravée dans la pierre, reste un symbole puissant de foi, de guérison et d’espérance.
Peut-on prouver le miracle ? Non, pas encore.
Peut-on nier son impact sur des générations de croyants ? Absolument pas.